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Une nouvelle création d’Hervé Baudouy

Le Bébé au Masque de Fer

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mardi 6 janvier 2004, par Mireille-Caroline

Chacun sait que l’Histoire, ce roman subventionné, ne raconte que ce que certains (puissants ou périphériques àicelui) veulent bien qu’on en dise. Quant àla manière dont elle est racontée, mieux vaut ne rien en dire, nous serions sarcastissimes ! Ainsi en va-t-il du Masque de Fer. Les élucubrations officielles ne sauraient tromper personne. Après des recherches intensives, discrètes autant qu’obstinées, nous sommes en mesure aujourd’hui de révéler les véritables dessous de cette sombre Affaire ! Vous n’en croirez pas votre écran !

Le Bébé au Masque de Fer
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Prologue culturel.
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Dans l’empire Inca, la fornication avec les lamas était interdite et punie de mort ce qui, vous en conviendrez, jette une lumière nouvelle et crue sur les relations entre le Lama-Soutra des Indurs et l’élevage de la goyave transgénique en Transylvanie maritime !...

... Et qui nous ramène directement au héros de notre récit : le Chevalier de Fourchambrac !

* * *

Chapitre Début.

En cette belle journée du 5 septembre 1638, alors que la météo annonce un ciel dégagé, avec des nuages en soirée et 30 % de chances d’averses éventuelles, il se passe des choses àSt-Germain en Laye. . .
Après s’être débarrassé d’un petit truand coupe-jarret, Florient-Adhémar de Fourchambrac et son valet La Farfouille se sont retirés au cabaret Le Poireau Couronné, pour y finir la soirée. Vu l’état des lieux et l’atmosphère, l’endroit évoque plutôt une caverne qu’une gargotte..

Un plafond ventru, peint en noir par la fumée, soutient un lustre antique et rachitique, garni d’une douzaine de chandelles anémiques.

Parmi les fresques murales, bucoliques et érotiques surnageaient quelques fragments d’images ; le reste s’était dilué sous l’effet de l’humidité et de la crasse. Dans la grande cheminée, des fagots de bourrée craquaient et sautaient parfois sur le carrelage fêlé et gluant. Le cabaretier trônait au comptoir, protégé par une muraille de pots, de pintes, de bouteilles, et surtout par une masse qu’il conservait àportée de main, pour calmer les ardeurs des clients énervés. La lumière des chandelles dessinait les ombres des clients sur les murs ; clientèle fort mélangée : quelques militaires et bourgeois décatis, joueurs et buveurs invétérés, se mêlaient àdes aigrefins professionnels et autres coupe-jarrets patentés. Un vacarme sourd et permanent régnait : appels àboire, conversations bruyamment arrosées, claques sur les fesses des serveuses, cris des joueurs...

Au fond de la salle, sous l’escalier, Fourchambrac et La Farfouille, silencieux, caressaient des yeux une bouteille de vin des Canaries, tout en jouant aux cartes avec Leukide de Saint-Cinnati, un tricheur de première force... Ils passaient le temps àjouer en fait, étant sec de tout argent tous les trois...

La Farfouille, jeune homme dégourdi et ruiné , pensait àboire le plus longtemps possible. Fourchambrac rêvait àsa dulcinée , Isabelle de La Bourse-Platte, fille du comte de Sans-Ecu. En ces temps glorieux, un titre était attaché àune terre. Le comte avait donc donné àsa fille le carré situé entre le puits et la corde àlinge, dans le coin Nord-Ouest du château en ruines. Fourchambrac et Isabelle s’étaient rencontrés dans un raout àEnghien. Elle passait les pizzas aux tables (pour arrondir ses fins de mois) et en avait renversé une sur le pourpoint de Florian-Adhémar. Elle se pencha pour nettoyer ; il se perdit dans son soutien-gorge… La scène d’amour torride qui s’ensuivit figura au Guinness - section Super-Hot, Triple X, pour la curiosité et l’inventivité des positions pratiquées , mais fut censurée dans la dernière édition.

. . . Or donc, Fouchambrac est au tripot...

Au Château, Anne d’Autriche, dite La Grande Sauteuse, se prépare àaccoucher. Son mari. Louis 13, dit le Grand Inconsistant, est censé l’avoir engrossé neuf mois auparavant. La chronique de la cour, Radio-Moquette et les chansonniers du Pont-Neuf en rient encore, et font des paris sur le nom du Père (pas sur celui du fils, qui sera 14 , de toutes façons ; non, le St-Esprit n’est pour rien dans cette naissance ; on lui en a déjàcollé une sur le dos 1638 ans auparavant, et il trouve que c’est bien suffisant !).

Anne d’Autriche s’apprête àaccoucher, dans son grand lit d’apparat.
Elle est entourée de ses dames d’honneur, de quelques sages-femmes et de quelques autres moins sages, telle la duchesse Chevreuse, dite La Grande Coureuse, compagne de foire de la Reine. . . Les heures passent. Entre deux contractions, la Reine révise son Rég ine Pernould. Mais voici que , venu du diable-vauvert, poussé par les contractions des fortes hanches de la Reine, toque blanche , casaque rouge, apparaît une tête, puis un buste, puis, une… non, un… OUIIIIII ! C’est un fils ! Il n’y aura pas photo ! je vous donnerai les rapports dès que possible.

A vous les studios... AH, non ! Pardon. La régie me fait signe de garder l’antenne… Tiens ? une deuxième tête apparaît. Comme c’est curieux… On dirait… Oui, en vérité je vous le dis : c’est un jumeau !
Les sages-femmes commencent àparier pour un brelan… Non, il semble que l’avalanche royale est terminée…

Aie ! Ca n’était pas prévu, ça, des jumeaux. La Reine et ses copines confèrent illico presto ! Faut éloigner l’un des deux. Anne envoie la Duchesse de Chevreuse, déguisée en poissonnière, àl’auberge du Poireau Couronné, quérir le Chevalier de Fourchambrac, qui est fort acoquiné (en dépit de sa dulcinée) avec sa première femme de chambre. . .

Mais l’immonde Monika Loupensky, dite La Femme au Cigare, fille de Milady, l’ignoble espionne àla solde de Richelieu, a tout vu , déguisée en amphore grecque. Elle s’esquive discrètement , en roulant entre les personnes présentes, puis court prévenir son maître.

- Des jumeaux ?! s’exclame Richelieu qui, en dépit de ses 20 volumes de correspondance, aimait parfois cultiver la concision. J’avais bien besoin de ça ! En plus des protestants, des nobles, de ce petit Cinq-Mars qui me les gonfle menu, menu… un deuxième lardon ! Elle pouvait pas faire des livraisons séparées, la Grande Sauteuse , non ?!
Faut qu’il dégage la piste, ce moutard. Allez me chercher la marquise de Brinvieillot, mon empoisonneuse attitrée !
Et Monika se trotte àtravers les couloirs du château. Elle trouve la marquise occupée , d’une main àun poker d’enfer avec quelques amis, de l’autre àfiltrer une décoction dont je ne vous dis que ça !

Au Poireau Couronné, la duchesse-poissonnière (Non, ce n’est pas une station de métro !), traverse en apnée la fumée et les odeurs de vin, esquive d’une croupe expérimentée les caresses impromptues et envahissantes, pour arriver àla table de notre héros.
- Chevalier !
- Oui ?
- Il faut que je vous parle.
- Qui êtes-vous ?
- Une amie de. . . qui vous savez .
- Ah ! J’arrive.
Ils s’isolent dans un placard et la duchesse transmet àFlorian la requête royale, ainsi qu’un baiser incendiaire qu’elle mijotait depuis longtemps. . . Tirons un voile pudique (et plein de fumée) sur cet exemple pitoyable des faiblesses humaines en ces temps reculés . . .)

Le Chevalier hèle La Farfouille , fait mettre les consommations sur sa note, enfourche son fier destrier l’Escargot Famélique, et se précipite àtoute lenteur au château.
Son guide Michelin àla main, il fonce dans la chambre royale, saisit d’une main le bambini, de l’autre Dame Peronnette, la nounou, et vide les lieux par le passage secret 12 Bis, (visite tous les jours et les samedis - sur rendez-vous) ; la porte du passage se referme alors que les gardes de Richelieu font irruption dans la chambre.
- Messieurs ! C’est pire que la Place de la Concorde, ici ! Veuillez utiliser les patins de feutre ! tonne la Reine, un sein àl’air, l’autre assailli par le deuxième bambini… Scène champêtre s’il en fut !

Et les patineurs sont bredouilles. . .
Ils repartent chez Riri, conter leur échec. Riri fait immédiatement partir des gardes sur toutes les routes entourant le château...

. . . Fourchambrac, lui, par le passage secret, dans lequel il a retrouvé son destrier et La Farfouille, se hâte vers d’autres souterrains vers Paris. . . Il émerge dans le quartier du Marais,
enfile sa cagoule spéciale conspiration, et file par les ruellesnoires et glauques vers l’hôtel de Tétons de Lenclos...

Tétons. . . superbe créature, fine, spirituelle, intelligente, la même qui plus tard… oh, encore bien plus tard que ça, fera sauter Voltaire sur ses genoux. . . Ce qui fera dire àVoltaire :  »Je suis né trop tard !  ». . . mais qui mettra quatre-vingt ans àmourir. . .
Mais je digresse, je m’égare, je batifole, je diverge. . . Pardon ? Non, je ne l’ai pas prononcé ainsi, malappris !
Tétons leur donne àmanger, le temps que Dame Peronnette donne àmanger au bambini, lequel réclame bruyamment...
La troupe restaurée s’en va discrètement chez la comtesse de Bric àBrac ( celle-ci, ayant dérogé, s’était reconvertie dans les antiquités. Des moqueurs, dans les salons, murmuraient qu’elle aurait dà» se mettre elle-même en vitrine... Bref, son amie Tétons avait besoin d’elle, elle répondait : « Toujours prête  »... Elle avait fréquenté Baden-Powell dans sa jeunesse. . .

C’est alors que Fourchambrac enfournait sa douzième religieuse au chocolat qu’un fracas retentit : passant par la fenêtre de la grande salle, un homme venait d’entrer, rapière au poing : le Capitaine
Schlurkenzeim-la-Concoyotte sombre Teuton, escrimeur de première, exécuteur des basses-œuvres de Riri.
- A nous deux, Fourchambrac !
- J’y suis ! ( Heu, non, ça, c’est Lagardère. . . )

Et ils se mettent en position tous deux. Les ferrailles ferraillent.
Les ombres ombraillent sur les murs, le bambini braille, l’aveugle qui passe dehors demande s’il peut participer au duel, avec son épée en Braille. . . La mêlée devient confuse. Les deux jou(t)eurs sautillent,
dansotent, se font des mines avec leur épées, s’envoient des coups droits, des prime , des tierces, des rebelotes et dix de der ; mais Fourchambrac sent que le temps joue contre lui ; il allonge àson adversaire un coup droit àtrancher un salami de bonne famille et, sans réaiguiser sa lame, lui sert un revers lifté, que l’autre reçoit sans barguigner (le barguignage était interdit dans le quartier par règlement municipal.)
Alors, tel Zorro s’élançant àla conquête du Jardin de Hespérides, Fourchambrac mit en Å“uvre sa légendaire Botte de Vernes (Jules), qu’il avait recueillie auprès du Capitaine Fracasse ,alias Nemo, lors d’une séance d’exercice dans la salle d’armes du Nautilus (bar sous-marin fort prisé àl’époque, amis dont on a perdu la localisation - autre drame de l’Histoire !).
Or donc, il lui servit , en sauce, la terrible botte de Vernes : celle-ci consiste àfaire tourner trois fois son épée de la main gauche, pendant que de la main droite, on assène àl’adversaire un grand coup de botte, préalablement remplie de 10 kilos de plomb (l’ancêtre de la savate, en somme . . .). Schlurkenzeim-la-Concoyotte se prend donc 10 kilos de plomb botté (on peut le faire aussi avec un chat, mais seulement après lui avoir limé les griffes).
Ces 10 kilos de plomb lui firent évacuer la réalité illico presto !

. . . Et, sans respirer, Fourchambrac se carapate, avec La Farfouille,
Dame Peronnette et le bambini, par le passage secret 28 Ter, qui amène jusqu’àla Porte d’Auteuil. Là, la petite troupe prit l’autoroute de l’Ouest, direction la Normandie. . .

Riri, de son côté, n’avait pas abandonné la partie. Il fit partir une douzaine de cavaliers aux trousses des fuyards. . .
Ce qui eut pour résultat que , le soleil se couchant, nos héros firent halte dans une auberge de campagne, au bord de la Seine. . . Mais !
Mais. . . le destin malicieux, et l’auteur obstiné , firent que les sbires de Riri , vu que le soleil se couchait aussi pour eux, s’arrêtèrent àla même auberge ! Ah ! Destin tragique ! Rencontre funeste ! Nos amis, mangeant dans leur chambre, ne furent pas repérés par les gardes. Mais au matin, Fourchambrac descendit pour prendre ses Å“ufs au bacon et ses toasts aux anchois. . . A quoi tient l’Histoire !
Au même moment, attiré par une bonne odeur de café (Arabica moyen), le chef des gardes, un inconnu nommé A. Nonyme, descendit en même temps que lui. . .
Fourchambrac, prompt comme l’éclair, l’assomme d’un coup de pot àcafé.
Mais les cris réveillent tout le monde. Florian hurle àson monde de descendre, et fissa ! La petite troupe se rue àl’extérieur de l’auberge, pour tomber nez ànez avec les gardes . . . qui se ruent sur Fourchambrac pour lui arracher le bambini. Florian lance le bébé àLa Farfouille , qui relaie vers Dame Peronnette. Mêlée générale . Claquechtouille, un des gardes, intercepte, fait une longue passe liftée àDuschnock, son ailier droit. La Farfouille rattrape àla volée, entame une descente, bouscule le ¾ arrière, le 2/3 mitoyen, la cuisinière qui épluchait ses lapins, renvoie au Chevalier, qui saute àcheval et vide les lieux. . .
- Allez , les petits, hurle l’aubergiste, un certain Roger Couderc. . .

. . . Quelques chevauchées, duels, traîtrises, empoisonnements divers et anodins , allaitements réguliers plus tard, nos héros arrivent en Normandie . . . Le bambini est sauvé !

Chapitre Fin.

Ce bambin, emmené par Dame Peronnette, sera emmené àJersey ; il sera élevé sous le nom de James Carteret , Ce qui explique le nom d’un de ses collatéraux , Jimmy Carter, mais c’est une autre histoire . . . Il tentera plus tard de reprendre sa couronne àl’usurpateur Loulou dit « 14  », sera arrêté àCalais, et sera enfermé aux Château de Pignerol.
Il y deviendra l’Homme au Masque de Fer , séduira la fille de son geôlier, qui aura un enfant. Le petit-fils de celui-ci, un certain Maxou Burespierre, jouera un petit rôle sous la Révolution, avant d’aller lui-même reposer sa tête dans le panier (divertissement très populaire àl’époque...

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Notes.

1. « Aucun masque de fer n’a été maltraité pendant la confection de ce récit  » ( Attestation officielle de l’Association de masques de fers)

2. Bien sà»r, le titre est fallacieux.… . . Car, le fer, c’est bien, mais le rire, c’est mieux !

Hervé Baudouy

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