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Défier l’autorité

On a toujours le choix quoiqu’on en dise !

samedi 8 novembre 2003, par Mireille-Caroline

Une expérience américaine menée par le psychologue Stanley Milgram de l’Université de Yale (USA) révèle que le comportement humain n’est pas aussi évolué que nous sommes en droit de le croire. L’expérience consiste àmettre en présence deux personnes, l’une jouant le rôle du maître et l’autre celui de l’élève. Le but est pour le moniteur de poser des questions àl’élève sur des associations de mots appris au préalable. Chaque mauvaise réponse étant sanctionnée par un choc électrique envoyé àl’élève àqui l’on a posé des capteurs.

Le rôle de l’élève est tenu par un acteur, toujours le même. Précisions, il ne reçoit aucune décharge électrique, mais la personne qui tient le rôle du moniteur ne le sait pas. L’acteur lors de l’augmentation des chocs fait celui qui a mal, très mal, souffre, supplie et demande même l’arrêt de l’expérience. Le tout se fait graduellement.

Le rôle du moniteur est tenu par des personnes ayant répondu àune petite annonce qui précisait : « que l’on cherchait des volontaires pour participer àune expérience scientifique sur la mémoire et l’apprentissage  » Expérience faite des centaines de fois dans différentes Universités américaines. Les participants avaient été choisis dans toutes les couches sociales et recevaient 4$ de l’heure.

« L’objectif, écrit le Prof. Milgram, était de déterminer quand et comment les gens allaient défier l’autorité, face àun impératif moral clair.  » [ Soumission àl’autorité édité chez Calmann-Lévy en 1979]

Le moniteur est conduit dans une pièce d’où il va poser des questions àl’élève. Il ne sait pas que celui-ci est de connivence avec les organisateurs. On l’assoit devant un générateur électrique de grande taille. Il y a 30 boutons en tout. Ces boutons représentent les charges graduelles électriques. Le premier bouton envoi un choc de 15 volts, le trentième un choc de 450 volts. A partir de 375 volts, il est précisé : Danger, choc grave.

Pour le Professeur Milgram : « les réponses qu’il a obtenues àces questions sont àla fois surprenantes et déplorables : malgré le conflit que ressent le sujet moniteur, malgré ses hésitations et ses protestations, malgré les hurlements de douleur de l’élève et le risque supposé de lui causer des traumatismes graves, la plupart des sujets de l’expérience continuent àinfliger leur punition au-delàde la limite « Danger, choc grave.  » Certes, l’expérimentateur requiert que vous continuyier et ajoute, « Il n’y aura pas de dommage permanent aux tissus  » Ou encore, « Il est absolument essentiel de continuer  », « Vous n’avez pas le choix  » En fait le sujet a toujours le choix. Il n’est pas sous contrainte, autre que celle d’une autorité professorale ; on ne lui demandera même pas de rembourser les quatre dollars qu’il a reçus. Or presque deux tiers des volontaires sont « obéissants  » au point d’infliger des douleurs insupportables, àrefuser les prières de l’élève qui veut en finir avec l’expérience.  »

Cette expérience démontre bien que tous les sujets d’une société civilisée, ne sont pas égaux dans leur façon d’appréhender la réflexion individuelle et adulte. En fait, ce qui est marquant c’est de faire le parallèle entre cette expérience et le comportement des gens en temps de guerre ( 39-45, Viet-Nam, etc.). On leur désigne un ennemis, on les persuade qu’il faut absolument le détruire et les gens sans état d’âme obéissent àl’ordre reçu. Se sentant déresponsabilisés puisque l’ordre vient de l’autorité (Gouvernement, professeur, Chef, Gourou, 1er secrétaire de parti, etc.) Nous apprenons ainsi que deux tiers de nos concitoyens n’ont aucune moralité humanitaire.

C’est pourquoi, il est impératif d’apprendre aux enfants àdésobéir

Il faut aussi leur enseigner àréfléchir àleurs actes. Que quoiqu’ils fassent, ils doivent toujours se mettre àla place de l’autre ! Une autorité quelle qu’elle soit est dangereuse, plus elle prend le visage du populaire, plus elle vous manipule. Aussi médiatique et charismatique que soit un leader, il ne faut pas hésiter àle remettre en cause, surtout s’il a l’élocution aisée et convaincante. Réfléchir par soi-même c’est déjàse dire avant d’agir ou d’obéir : « Aimerai-je subir ce que je m’apprête àfaire subir àune tierce personne ?  »
Si l’action est faite, être responsable et adulte c’est savoir se retirer et/ou réparer son injustice.

A titre d’exemple, histoire de faire réfléchir et réagir.

José Bové incitant ses partisans àdétruire des lieux commerciaux et des champs de cultures OGM. Est-il plus coupable que ses défenseurs ?
En théorie oui, car il incite àla destruction et àla violence, en réalité non ! Les gens lui ayant donné un coup de main sont aussi voyous que lui et ceux qui le soutiennent idem ! Si les personnes réfléchissaient par elles-mêmes, elles n’auraient pas obéis aveuglément !
Qui aimerait voir son entreprise détruite sous prétexte qu’elle est non conforme pour certaines gens ?
Il est évident que ceux qui ne possèdent rien auront du mal àse mettre àla place d’un gérant de restauration rapide. Mais dites-vous que l’on commence par détruire des fast-foods, puis des plantations, et un jour des livres pour en final détruire des gens, pour raisons de non-conformité décrétées par une personne qui pense pour les autres ! Pour les humains on les détruit d’abord moralement en attentant àleur dignité, on les déclare « hors norme  » on les juge, on les traîne dans la boue, on leur attribue des propos qu’ils n’ont jamais dits, mieux on déforme leurs propos, jusqu’au jour où on les balance àla Seine, on les fait griller dans une église, dans un four ou au napalm. Le but pour ces deux tiers d’irresponsables obéissants aveuglément étant de détruire ce qui n’est pas conforme au groupe auquel il appartient !

Comme quoi qu’on le veuille ou non, il y a des humains qui naissent pour obéir et d’autres pour commander ! Type même des sociétés féodales. Abolir officiellement l’esclavage fut peut-être une erreur ! L’humanité n’étant pas prête et ne voulant pas se sentir responsable. Dans notre société civilisée nous avons toujours le choix de dire NON ou STOP !

Et vous ! Oui, Vous !

Appartenez-vous àune association, un parti politique, un mouvement, une organisation ? Vous êtes-vous déjàdemandé si l’idée générale du groupe auquel vous appartenez ne dépassait pas les limites de l’humanité ? Avez-vous déjàeu le courage de contredire votre groupe, sur des sujets importants, au risque de vous en faire exclure ? Au travail avez-vous déjàremis en cause les ordres de la direction àtitre individuel ?


Illustration prise sur le site :
Les meilleurs dessins du moment, le nom du dessinateur ni figure pas, h

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