Accueil > HISTOIRE > Versions amusantes > La Vie ? Un Conte de Fées ! Une nouvelle création d’Hervé (...)

Lisez les textes d’Hervé Baudouy vous passerez un agréable moment

La Vie ? Un Conte de Fées ! Une nouvelle création d’Hervé Baudouy

jeudi 15 janvier 2004, par Mireille-Caroline

Elle rencontra un étincellant et émoustillant chevalier nommé Sir Alonzo Bhistrau, alors qu’elle lavait les sous-vêtements de sa maîtresse , la fière et vaniglorieuse Reine Mifigue-MiRézin, et du Roi Alex Thincteur, son évanescent prince consort. Sir Alonzo descendit de Jolly Trotter, son fidèle gauchetrier, et atterrit sur le sol, près d’elle ; il était impressionnant dans son armure très moulante et bien huilée. Radina fut surprise. Bien qu’elle ait souvent vu Alonzo dans les tournois hebdomadaires où il excellait, il n’avait jamais jeté un oeil sur elle auparavant. Pendant qu’elle astiquait les culottes blindées (spécial "Croisades") de la Reine, il lui confia qu’il avait besoin de quelqu’un àqui parler, et qu’elle l’avait impressionné par son air de tranquille intelligence.

Tous ses collègues chevaliers étaient occupés àrattraper le temps perdu, àboire et àjouer dans les tavernes locales. Ils revenaient d’une campagne contre les Barbares, aux frontières du Reinaume, où une variante de la Peste Soa de Lavaryce décimait la population. Il craignait de l’avoir attrapée, suite àune brève rencontre avec une villageoise accueillante.
Il pleurait presque , ce qui était mauvais pour son armure. Il avait d’ailleurs rendez-vous avec Déboaté Dumenix, le sorcier local, pour l’interroger sur son avenir.

Radina avait suivi un cours du soir en "Psychologie des Chevaliers Angoissés par leur Avenir suite àune rencontre intime et risquée dans un village pesteux" (Stencils disponibles sur demande ; joindre un timbre pour la réponse) ; elle essuya donc ses mains sur son tablier et lui tapota amicalement l’épaule :
- Cling ! Clang ! Plonk !

Elle l’avait écouté attentivement mais sans savoir quoi lui dire. Joignant la parole au geste , elle ne dit rien ! Il lui promit de la tenir au courant, puis la quitta dans un bruit de ferraille fort romantique...
... Une quinzaine se passa sans que Radina ait des nouvelles de Sir Alonzo. Finalement, elle lui fit passer un billet par un garçon d’écurie discret, sur une feuille découpée dans un de ses cours. Il lui répondit aussitôt, révélant que ses craintes étaient fondées : il avait la peste, et elle était incurable. Il la suppliait de brà»ler sa lettre et , si elle avait une once de pitié
pour lui, de n’en souffler mot àpersonne, sinon il serait banni àjamais du Reinaume...

Au cours des mois suivants,, Radina et Alonzo devinrent amis et se rencontrèrent souvent pour se confier l’un àl’autre, en se cachant bien sà»r pour protéger le standing d’Alonzo. Radina était émue par la situation pénible de son Chevalier et le trouvait très séduisant.
Bien que franchement laïque, elle aurait accepté un mariage religieux. Ils riaient beaucoup, pleuraient un peu et buvaient goulà»ment des pichets de vin et de bière. Ils firent même des plans pour une croisière àl’étranger.

Hélas...


Il y avait un os dans la corde àpiano. Radina, en plus de sa grande compassion, ressentait aussi une attraction sentimentale très forte pour le croustillant jeune homme. Inutile de préciser que c’était un développement très ennuyeux pour elle et elle culpabilisait énormément : elle savait bien qu’Alonzo préférait passer ses nuits avec ses amis chevaliers.
Un soir, incapable de cacher son secret plus longtemps, elle se déclara àAlonzo.
Il ne fut pas content ; et c’est un euphémisme. Il exigea qu’elle lui rende ses lettres, son empaumure et ses martagons ( qu’ils revendit plus tard au marché aux puces, un jour de bourse plate...). Dés lors, leur amitié subit un rafraîchissement marqué. La méfiance réciproque s’installa ; leur voyage fut abandonnés (et ils perdirent les arrhes versées) ; Alonzo ne vint plus la voir ; il retourna vers ses compagnons d’armes, les tournois , les beuveries et le jeu.

Radina reprit son existence tranquille et presque immobile ; elle s’inscrivit au Cours :" Comment oublier un Amour en lavant des chaussettes (Options " Gauchers")".
Le Temps passa...comme àson habitude. Un jour, lassée de toujours laver les mêmes panties de satin noir et les culottes de cuir de la Reine et du Roi, Radina décida de quitter
TrollSchmurzLillyMarlène, pour chercher une autre reine àlaver.

Après son départ, elle essaya de sauvegarder ce qui subsistait de son amitié avec Alonzo Bistrau ; elle l’aimait toujours et avait demandé le remboursement de son inscription au Cours
"Comment oublier l’Amour...", dont la publicité proclamait : "Satisfaction garantie ou argent remis !" Mais ce fut un échec navrant : il la repoussa , gentiment mais fermement ( Un main de velours dans un gant de fer...)

... Au bout d’un an environ, un message de la Reine Mifigue-Mirézin parvint àRadina : on la suppliait de revenir, personne n’étant capable de laver les sous-vêtements comme elle . On lui promettait une grosse augmentation de salaire, un plan de retraite amélioré et une nouvelle buanderie toute équipée, avec vue sur la mer dans la Tour d’Ivoire du nouveau palais.
Elle savait qu’elle n’aurait pas dà» accepter... Elle accepta... en partie parce qu’elle s’ennuyait àmourir en lavant les sous-vêtements en coton blanc de sa nouvelle et puritaine maîtresse...
Elle retourna donc au Reinaume de TrollSchmurz-etc.

Au début, elle évita Sir ALonzo àcause du mauvais karma existant entre eux. Mais, peu àpeu, elle laissa tomber sa garde et ils recommencèrent àcommuniquer. Radina était écrivain-amateur (ça arrive dans les meilleures familles...) . Elle se mit àlui envoyer des poésies métaphysiques dont il lui disait qu’elles avaient un effet bénéfique et calmant sur lui. Celle-ci, par exemple, qu’un descendant de Radina ayant le sens de l’humour nous a communiqué pour un prix dérisoire :

Le Chien sans Pattes.

"Il est deux heures !" cria le train qui filait.
Un homme dans la rue promenait son poisson ;
Il avait mangé son assiette puis vidé sa nourriture,
Alors que le chien sans pattes se promenait.

Le chat de la voisine se léchait la langue,
Un gamin avait perdu une échelle
mais trouvé un avocat du barreau ;
Un homme sans doigts jouait de la guitare
Pour une femme qui venait d’avaler une voiture.
Et le chien sans pattes se promenait encore.

Un poney passa sur une patinette pourpre
Un réverbère chantait doucement avec la voix du Prince Charles
Mais le chien sans pattes se promenait néanmoins.

A l’église, une chaise venait d’épouser une cuillère,
Un ballon venait d’avaler un petit garçon,
Un rhinocéros nain flottait dans une baignoire,
et pourtant le chien sans pattes se promenait malgré tout.

Une armoire en papillotes dégustait une glace ;
La cuillère était inquiète elle avait un gri-gri- vert ;
Une table s’enfuyait àcloche-pied, poursuivi par une chaise ;
Un homme tondit ses sandwiches et puis mangea de l’herbe
Et le chien sans pattes s’éloigna...

... Le Temps continua de passer... Alonzo révéla ses intentions àRadina : il voulait prendre sa retraite anticipée de Chevalier du Reinaume et s’installer dans un petit village de l’autre côté de la mer. Radina décida aussi de partir : elle ne supportait plus de travailler pour la Reine Mifigue-Mirézin qui devenait de plus en plus autoritaire et psychotique : elle portait maintenant des sous-vêtements en cuir noir, qu’il fallait envoyer au sellier du village pour un nettoyage spécial. Le Roi Alex Thincteur laissait constamment ses mains - et le reste - traîner sur et sous les jupes de Radina. Ne parlons même pas de Lady Sentry, la dame de compagnie, qui avait des goà»ts sexuels divers et alternatifs... Enfin, le service après-vente de la laveuse-sécheuse devenait vraiment nul ! Radina donna sa démission, retourna travailler pour la puritaine et continua d’écrire des Contes "Les Contes de l’Abbé Kasse", qu’elle signait Patricia.

Alonzo, lui, galopa sur son fougueux gauchetrier Jolly Trotter , en prenant le bateau malgré tout : son cheval ne savait pas nager, et ne s’appelait pas Jolly Nhajeur. Il arriva au havre secret où il voulait être tranquille et libre de ses actes. Pendant quelques temps, Alonzo et Radina restèrent en contact ; ils déjeunaient même parfois ensemble. Mais elle ressentait une atmosphère de devoir, et non de plaisir, dans ces rencontres. Elle soupçonnait qu’Alonzo n’avait pas besoin d’elle dans sa nouvelle incarnation. Il avait reconnu qu’il avait beaucoup d’amis et qu’il ne serait jamais seul. Aussi, avec beaucoup de regrets, et réalisant que tout dans la vie est temporaire, sauf le loyer, elle écrivit un Conte àson intention, en forme d’adieu, en altérant les noms pour protéger les coupables... Ce conte est malheureusement perdu...
Elle le remercia également pour tous les souvenirs communs, lui souhaita beaucoup de bonheur et toutes ces sortes de choses...

Que sont-ils devenus.?

Ils vécurent très heureux, en fait, dans leurs mondes séparés. Déboité Duménix, le sorcier, découvrit un médicament contre la peste, dans la Forêt des Pluies du Zobril, et reçut la Seringue d’Or au Festival des Sorciers.

Sir Alonzo Bistrau recouvra la santé et reprit sa carrière de Chevalier Errant sans Beurre et sans Reproche, de Forcené des tournois, et d’Amuseur Public.

Radina devint auteur àsuccès, dessinatrice de lingerie fine et vedette des talks-shows ; elle attira même un mégaoctul de l’Internet qui aima son corps autant que son esprit.

Et le Reinaume de TrollSchmurzLillyMarlène ? Eh bien, elle s’enfla de sa propre arrogance et finit par imploser pour disparaitre de la planète !

Pardon ? Eh ! Pourquoi pas ?
Tout peut arriver dans un conte de Fées !
(Même qu’il n’y ait pas de Fées !)

Hervé Baudouy

Illustration : du site fantasmagories chez Lycos : Représentant le Chevalier Alonzo

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions’inscriremot de passe oublié ?